Dans le cadre de la troisième édition des journées libertaires de Pau, la CNT-AIT avait décidé d’organiser une manifestation contre les banques dans un appel maximaliste appelant à la révolution sociale et libertaire. L’ensemble des journées libertaires organisées par la CNT-AIT s’articulaient, cette année, autour de la crise et de ces conséquences. Dès le Lundi, l’exposition, déployée dans les couloirs de la faculté de lettres, permettait aux étudiants et au public venu spécialement d’appréhender les mécanismes du système capitaliste, expliquait la crise actuelle, les politiques antisociales et les résistances qui en découlent. Au cœur de cette exposition, détournant l’imagerie publicitaire des années 50, une bande dessinée illustrait l’affaire des subprimes. Le mardi soir, le film de Fernando Solanas, « La dignité du peuple », permettait de s’accoutumer à la réalité argentine avant la conférence du lendemain. En effet, le mercredi, une téléconférence avec les militants de la FORA argentine (la section argentine de l’AIT) entamait la soirée. Ce fut l’occasion pour la soixantaine de personnes qui s’était déplacée de converser en direct avec nos compagnons argentins. Moment fort en émotion où nous avons pu balayer un bon nombre de sujets allant de la situation économique actuelle en Argentine, de la montée d’un mouvement social dans le pays et de la place de la FORA en son sein, mais aussi de questions plus théoriques comme l’anarchisme ouvrier. Puis des compagnons de la CNT espagnole prirent le relais pour parler des politiques antisociales du gouvernement socialiste de Zapatero, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles que nous connaissons, et de l’échec de la grève générale qui voulait y répondre. Nous durent malheureusement écourter la conférence pour cause d’horaires et nous nous sommes donnés rendez-vous pour la poursuivre le samedi, au local de la CNT-AIT. Mais nous n’imaginions pas parler de la crise sans marquer notre présence dans l’action. Dans la petite ville de Pau, personne n’a organisé de manifestation pour permettre à tous ceux qui se révoltent contre la situation actuelle d’exprimer leur colère. Nous avons donc décidé d’organiser une manifestation sur des bases claires : « Manifestation contre les banques, A bas le capitalisme, A bas l’Etat, Vive l’anarchie ». Ce sont plus de 70 personnes qui répondirent à l’appel le jeudi 17 février à 18H. Sous les drapeaux rouge et noir et derrière la banderole « Révolution sociale et libertaire, CNT-AIT », le cortège s’est mis en marche, s’arrêtant devant toutes les banques du centre-ville qui furent tapissées d’affiches aux slogans explicites « le capitalisme nous tue, tuons le capitalisme », « l’argent c’est le vol », « A bas l’Etat, à bas le capitalisme, vive l’anarchie » ou encore « quand tous les pauvres s’y mettront… ». Les slogans scandés tout au long de la manif, et repris en chœur, marquaient le même état d’esprit : « Ca ne peut plus durer, ça va péter », « Union, action, autogestion », « la seule solution, c’est la révolution ». Puis nous sommes rentrés en cortège au local de la rue Jean-Baptiste Carreau. Le boycott de la presse locale a été total, mais nous savons déjà que cette action a marqué les esprits : difficile de cacher la tenue d’une manifestation anarchosyndicaliste de cette importance dans une ville de 80 000 habitants… Le lendemain, les groupes Punk'Astiks, Grorr et Zubrowska venaient jouer gratuitement à la maison de l’Etudiant pour soutenir les journées. Là encore, l’ambiance était fraternelle et le moral au beau fixe. Les conditions idéales pour entamer la dernière journée qui devait se dérouler au local de la CNT-AIT, au centre ville. José Garcia nous y exposait les mécanismes de la crise en s’appuyant sur l’exemple grec. Nous avons pu mesurer le cynisme des capitalistes, l’injustice faite au peuple grec mais aussi d’entrevoir ce qui nous attend, la France connaissant actuellement une bulle immobilière qui risque de nous
mener à une situation similaire à celle de l’Espagne. C’est d’ailleurs ce thème que les autres copains espagnols ont alors développé. Le débat fut riche, il aborda la situation européenne mais aussi les révolutions égyptienne et tunisienne dans une salle pleine et impliquée. C’est presque à regret que nous avons alors achevé les journées avec « l’explosition », une performance artistique où une bouteille de propane devait « exploser » laissant apparaître un patin annonçant « vous avez peur, votez pour moi » et faisant pleuvoir des papillons « votez pour moi », une réflexion sur la violence qui montrait que les violents n’étaient pas forcément ceux que l’on croit. Malheureusement, le détonateur n’a pas fonctionné ce qui a un peu gâché l’effet de surprise. Seul « couac » de ces journées. Nous nous sommes vite consolés autour d’un repas fraternel au local qui réunissait militants et sympathisants et dont les discussions durèrent tard dans la nuit. L’enthousiasme et la mobilisation qui présidèrent à toutes ces journées nous ont gonflé le cœur tant il est évident aujourd’hui que les journées libertaires se sont taillés une place de choix dans le paysage palois. Un grand merci aux copains de Front libertaire et du CIRA Marseille qui se sont déplacés et ont tenu des stands qui ont enrichi nos journées. A l’année prochaine !
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