10.23.2010

Plus que jamais, barbarie ou résistance populaire autonome!

Il ne sert à rien de s’offusquer de l’actuelle crise du capitalisme car telle est sa nature. La crise est intimement liée au mécanisme même de l’accumulation du capital, mécanisme provoqué par la saturation du marché et son contrecoup : la surproduction. Les capitalistes sont poussés à trouver de nouveaux débouchés et à rechercher des gains de productivité toujours plus accrus et dont l’obtention est limitée par ce qui est humainement supportable (ainsi, le management, comme dispositif de recherche de la productivité, peut aboutir à « la souffrance » au travail et au suicide). Les marchés étant hyperconcurrentiels, ils poussent un certain nombre de capitalistes à délocaliser leurs entreprises pour ne pas subir le dépôt de bilan ou les foudres de leurs actionnaires, entraînant chômage (l’armée de réserve) et paupérisation. A cela s’ajoute cette recherche de revenus faramineux qui creuse les écarts salariaux et réduit l’investissement. Le capitalisme est cette course sans fin au taux de profit !

La gravité de la situation a fait que l’Etat est intervenu en raclant tous les fonds de tiroir de la république pour éviter que se répète le scénario de la crise de 1929, dont nous ne connaissons que trop le dénouement fatidique : la Seconde Guerre mondiale. Mais la dette atteint dorénavant une somme astronomique. Or le propre de la dette est d’être remboursée un jour ou l’autre avec intérêts à la clé. A défaut, c’est la banqueroute, comme ce fut le cas plusieurs fois à l’époque de l’ancien régime (début du règne de Louis XV, par exemple) et également sous le directoire (1797). Cela pourrait être à nouveau le cas et nul doute alors qu’elle conduirait à une situation sociale explosive comme en Argentine (2001), en Islande (2008) ou dans les Pays Baltes (2009). Certes, les gestionnaires ont su encore utiliser des injections massives de crédit, qui se rajoutent déjà aux précédentes (à chaque fois, les dettes privées deviennent publiques). Ce n’est de toute façon que reculer pour mieux sauter. On ne peut nier indéfiniment la réalité.
Pour éviter la faillite, une nouvelle cure d’austérité va donc être à l’honneur avec son corollaire de régression sociale pour toute une frange de la population (alibi ou pas, c’est bien cette même logique qui est à l’œuvre depuis 1974). Sa mise en application sera officielle après les élections régionales de 2010 : les politiciens ne sauraient prendre le risque de froisser l’opinion publique. Il est préférable pour eux de continuer à l’anesthésier dans le mythe de l’identité nationale et de la réussite sociale ou par le spectacle navrant d’une coupe de foot-ball.

Dès lors, tous ceux qui subissent les méfaits du capitalisme ont face à eux un choix : se soumettre ou se révolter ! Les anarchosyndicalistes de la CNT-AIT appellent les exploités et les opprimés à suivre cette harangue d’Emile Pouget (1860-1931) : « Chacun est invité à ne plus être un zéro humain, - à ne plus attendre d’en haut ou de l’extérieur son salut ; chacun est incité à mettre la main à la patte, - à ne plus subir passivement les fatalités sociales. » Ce qui nécessite une intelligence collective qui exprime son autonomie. Nous devons recourir à l’auto-organisation en instituant des comités de lutte (ouverts à tous les individus) qui fonctionnent de manière assembléiste et qui se basent sur la démocratie et l’action directes. Ces comités de lutte ne doivent pas être les chambres d’enregistrement des intérêts des partis et des syndicats qui nous abasourdissent d’innombrables doléances, de compassion sur la misère humaine et d’appels fictifs à l’unité. Les anarchosyndicalistes observent que ces organisations jouent la bonhomie en façade mais transforment les comités de lutte en champ clos de leur rivalité. Leurs militants ont tendance à vampiriser toute ébauche d’auto-organisation, voire de la saborder pour le compte de leurs organisations. Ce sont les exploités et les opprimés eux-mêmes qui doivent à tout niveau posséder la maîtrise et la destinée de leurs outils de combat. Exploités et opprimés, nous nous le devons ! C’est une question d’estime portée envers nous-mêmes.

La lutte doit s’affranchir du corporatisme qui ne résonne que par le statut induit par le système et qui ne conduit qu’à négocier un statu quo illusoire. Le corporatisme (« les autres peuvent toujours crever ») ne fait qu’entretenir des clivages, des divisions et n’aboutit qu’à une voie de garage. En partant de la réalité matérielle concrète, les anarchosyndicalistes appuient un cadre revendicatif unifiant dépassant le corporatisme. C’est pour cela que nous défendons la satisfaction des besoins fondamentaux (logement, santé, nourriture, éducation...), ce qui implique de les soustraire à la logique marchande. Ce cadre revendicatif unifiant est le préalable d’une tentative de construction d’un rapport de force permettant une résistance populaire autonome.

Pour les anarchosyndicalistes, tous les problèmes sociaux et économiques sont interdépendants et découlent du capitalisme, système résultant d’un processus socio-historique divisant la population en classes sociales. C’est bien la « lutte des classes » qu’il faut remettre sur le tapis. Nonobstant, il s’agit de redonner force à une critique du parlementarisme et de l’Etat.

Alors que chacun se positionne donc et médite sur cette phrase de Solon : « Je décrète comme criminel tout citoyen se désintéressant du débat public. »
Pour commenter ce texte :
CNT-AIT Association Internationale des Travailleurs BP 2010
14089 Caen cedex

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