Cet après-midi du mercredi 26 janvier 2011 nous nous sommes rendus à Moulins-sur-Allier. Nous étions deux militants de la CNT-AIT du Puy-de-Dôme ; nous nous rendions en ce lieu pour exprimer notre solidarité avec Jacky et Jerôme, accusés d’avoir brûlé une marionnette de Sarkozy (UMP) et de Parisot (MEDEF). Nous souhaitions également soutenir Frédéric, éducateur spécialisé ayant subi une détention préventive de 5 heures lors de la visite du chef de l’État sous prétexte d’un interrogatoire sur « un collage d’affiche ». Les policiers l’auraient menacé en lui déconseillant de partir. Nous avons fait le déplacement pour les soutenir non en leur”qualité” de syndicalistes, mais en tant qu'exploités victimes de la répression d'Etat.
Plus de 800 personnes, venues de toute l'Auvergne, se sont rassemblées d'abord devant la pref de Moulins, puis sont partis en cortège bruyant jusqu'au tribunal. Discussions avec des militant-e-s sur l'anarchosyndicalisme, la répression… Des échanges extrêmement intéressants ! Mais la justice bourgeoise et son bras armé (la Police Nationale) veille. Si seulement quelques flics sont visibles, 8 camions sont embusqués non loin. Alors que Jacky et Jérome passent au tribunal, on nous apprend que l'audience pourrait être suspendue… si on coupe pas la sono !! Visage lamentable d'un Etat policier prêt à tout pour garder ses privilèges. Là, on aurait du rentrer en masse dans le tribunal, mais l'action directe est à remettre au goût du jour !
Mais à ce titre, une précision. Cette manif était à l'appel de plusieurs syndicats, et certains signataires ont refusé de venir au final. La CGC, c'est pas étonnant, la CFDT pas plus. Mais FO qui joue les radicaux? Et la FSU ?Bref, la question était de soutenir des exploité-e-s en lutte, les guerres de cartels à ce niveau là… Quoiqu'il en soit, le jugement sera rendu dans quelques semaines. Si il est négatif, “parce qu'on est relou, on reviendra !” En tout cas, une preuve de plus pour toutes celles et ceux qui refusent encore d'ouvrir les yeux…
Ces faits montrent bien la tension palpable d’une société en crise. Une radicalisation fascisante des procédés étatiques (outre ces faits, il faut également se souvenir de la répression du contre-sommet sur l’immigration à Vichy, et bien d’autres faits encore) accompagne une libéralisation économique sans précédent. Il s’agit pour la bourgeoisie, alliée à l’État, de mener la réaction sur un double-front. Économiquement, la crise a été un leurre permettant une dégradation considérable des conditions d’existence. Politiquement, les mesures sécuritaires permettent un appui considérable à l’enrichissement d’une minorité en lui fournissant un arsenal défensif appuyant ses mesures de casse sociale. Ce double mouvement a pour seul but de décourager tout mouvement de protestation, à la fois en réprimant les débuts de contestation et en établissant un empire de propagande sur la population.
Cette propagande est d’une intelligence extrême. Elle donne à voir un avenir radieux dans une politique de déstructuration des services : des publicités au cadre proche du merveilleux et de Disney et aux sourires éclatants vantant les mérites de telle ou telle réforme ; des slogans fédérateurs, populistes et vides de sens (« tout devient possible »). En même temps, elle n’oublie pas de jouer sur la peur et sur son thème favori, c’est-à-dire la sécurité : diabolisation de la banlieue et du jeune désœuvré, de la jeunesse dans son ensemble même ; diabolisation des syndicalistes, de « ceux qui empêchent les gens de travailler », allant même à un amalgame entre certains d’entre eux et des terroristes ; xénophobie appuyée par l’amalgame entre « islamistes » et étrangers etc … Nous n’oublierons pas non plus cette politique de l’événementielle, du spectacle, opérée par Sarkozy. Des gesticulations continuelles appuient une mauvaise pièce de théâtre qui éloigne les exploité-e-s de la réalité sociale : cette technique, « des jeux et du pain », est vieille comme le monde.
Face à cela, il s’agit de mettre en place une double-action. Sur le plan culturel, il s’agit de nous extirper de ce grouillement capitaliste en étendant les méthodes de réflexion critique et collective, par le biais des assemblées populaires autonomes, des projections-débats etc … Seuls ce mouvement à la base permet de se tirer du spectacle politicien. Mais il faut également nous mobiliser aux côtés de ceux qui luttent contre le rouleau-compresseur libéral, par conviction et solidarité. L’unité est vaine, car c’est cautionner la politique du plus fort, c’est-à-dire de l’organisation la plus puissante. De plus, c’est opérer une confusion dans les esprits en ce qui concerne les positions de chacun.
C’est donc par cette solidarité que nous nous mobilisons aujourd’hui pour défendre nos trois compagnons victimes de l’aristocratie bourgeoise. Peu importent leurs organisations, peu importe d’où ils viennent : notre patrie c’est le monde, notre famille l’Humanité !
(Et finissons sur une note plus légère… incorrigibles anarchosyndicalistes, en rentrant on a vu une agence Start People… bin rebelotte (en moins nombreux !) )
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